Le sujet des crèmes blanchissantes est un sujet de santé publique mais pas que puisque c’est également la question raciste qui se pose au sein de notre société. En particulier par la discrimination qu’est le colorisme. Notre article va s’évertuer de revenir sur les aspects que posent le sujet tant bien sur un plan de santé mais aussi en termes d’oppression systémique.
Des crèmes nocives pour la santé
Une crème blanchissante est une crème qui aide à clarifier et à éclaircir les zones cutanées hyper pigmentées telles que les jointures, les coudes, les genoux et les pieds pour une apparence plus lumineuse et plus uniforme. Ces crèmes ont des effets nocifs cutanés pour 60% à 70% des cas rapportés. Gale, mycoses, infections bactériennes, acné très sévère : la liste des complications est longue. Dans de plus rares cas, les produits de dépigmentation peuvent aussi causer diabète, hypertension, insuffisance rénale ou cancers selon l’OMS.
La pratique de ces crèmes pour la peau est néfaste pour la santé. Le fait est que cela représente également une activité économique qui crée énormément de profits que par la production de savons, crèmes et gels. On parle d’une industrie qui générera 25 milliards d’euros sur la planète à horizon 2024, en Asie à elle seule, c’est 4,68 milliards d’euros. Cette industrie est en plein essor en France. Des Etats en Afrique comme le Ghana, l’Afrique du Sud, le Nigéria ou encore le Rwanda ont pris des législations interdisant les crèmes éclaircissantes qui dépigmentent la peau.
Des crèmes « blanchissantes », reflet d’une construction raciste
Le terme de « blanchiment » concentre toute la construction raciste se faisant au travers de ce produit commercial. En effet, au-delà du problème de santé, les crèmes éclaircissantes posent un problème de société car elles renvoient à un racisme se faisant visage ouvert.
La peau noire concentre une quantité importante de mélanine, le pigment qui donne à l’épiderme, aux yeux et aux cheveux leur couleur. La colonisation et les idéologies racistes ont structuré le fait que les peaux sombres sont devenues des marqueurs identitaires péjoratifs. On associe aux peaux foncées, les couches sociales les moins favorisées et les plus précaires. Cette structuration par l’oppression raciste s’est vue intégrée les populations minorisées durant des siècles.
Les crèmes éclaircissantes sont à inscrire dans l’histoire coloniale. Les « colonisé·e·s » ont voulu imiter les codes de beauté et physiques du colon dans un objectif d’amélioration de leur condition de vie et l’image que pouvait se faire le colon d’eux·elles. Ce mécanisme d’aliénation « la négrophobie » envers les autres noir·e·s et l’espoir de ressembler aux blanc·che·s a été analysé dès 1952 par Frantz Fanon dans Peaux noires, masques blancs.
Ce racisme ordinaire pose la question du colorisme qui doit être traité dans un prisme intersectionnel notamment pour les femmes racisées pour qui, se posent à la fois le racisme et du sexisme dans l’oppression subie à travers ces produits. Récemment nous avons pu connaître des mobilisations antiracistes qui ont reposé le sujet sur la vente de ces produits par les firmes telle que l’Oréal qui sous la pression, ont fait le choix de ne plus parler de “crèmes blanchissantes” “mais qui donnent de l’éclat”, nous pourrions parler d’une publicité en Thaïlande « Deviens blanche pour gagner”.
Il y a un enjeu en termes de santé publique à suivre le chemin de certains Etats pour une interdiction pure et simple de ces produits vendus qui sont mauvais pour la santé. Mais en plus, de mener un travail pour sortir également du racisme construit autour de nos normes de beauté et publicité par de la formation et de l’éducation face constructions sociales et mentales racistes.